Dans le précédent article La routine du matin, j’avais commencé à vous parler des renforçateurs. J’aimerais aujourd’hui vous en parler un peu plus car c’est un outil qui nous a beaucoup aidé avec Ouistico. Si je prend la définition du mot « renforçateur » chez Larousse, voici ce que ça dit : « Stimulus qui est un agent de renforcement dans une situation de conditionnement. ». Dans le cas d’un enfant (autiste ou non d’ailleurs, et même chez un adule), le renforçateur va venir RENFORCER un bon comportement ou une réussite dans une situation difficile.
Personnellement, nous étions assez sceptiques avec le papa au tout début. On n’arrivait pas à voir la différence avec du chantage ou des récompenses. Mais en fait il y a bien une différence et elle se situe dans la façon de faire et de mettre en place le renforçateur.
Donc en premier lieu il y a un piège dans lequel il faut essayer de ne pas tomber : transformer le renforçateur en chantage. Je prend un exemple tout bête de chantage : « si tu manges tous tes légumes, tu auras une glace en dessert. » Une autre variante : « si tu ne manges pas tes légumes, tu seras privé de dessert ! ». Ces deux phrases sont du chantage. (Attention, je ne dis pas que c’est quelque chose de mal. Je souhaite simplement montrer la différence.) Dans cet exemple, nous souhaitons que la glace soit un renforçateur afin d’encourager notre enfant à manger ses légumes.
Voici comment je transformerais la situation : « je veux bien te donner une glace en dessert, mais j’aimerais que tu manges d’abord tous tes légumes. C’est important pour que ton repas soit équilibré. » Et si l’enfant dit non et ne mange pas tous ces légumes : « ok, mais dans ce cas je ne peux pas te donner de glace. A la place, tu peux avoir une compote de fruits. » Et si l’enfant refuse catégoriquement de manger ses légumes : « dans ce cas ça veut dire que tu n’as plus faim. Tu peux te lever de table. »
Je donne ceci en exemple, mais nous l’avons aussi appliqué chez Ouistico qui a des troubles de l’alimentation à cause de ses troubles sensoriels. Nous avons utilisé le dessert en renforçateur pour introduire de nouveaux aliments. Mais je prévois de faire un article entièrement dédié à ce sujet !
Un autre piège dans lequel ne pas tomber est de transformer le renforçateur en punition. Du genre « Ok, tu ne veux pas faire ça ? Dans ce cas tu es puni et tu n’auras pas ça ! » Pour moi, et c’est un avis personnel, la punition doit être le tout dernier recours quand plus rien ne fonctionne. Donc vraiment le conseil que je peux vous donner sur les renforçateurs, c’est toujours de rester dans le positif et surtout rester patient.
Maintenant que j’ai expliqué les deux pièges qu’il faut éviter, je vais vous expliquer en quoi le renforçateur peut vous aider :
Mettre une nouvelle habitude en place
Par exemple, quand Ouistico a su s’habiller tout seul et se brosser les dents, nous souhaitions que le matin il prenne l’habitude de le faire sans nous. Alors nous lui avions préparé la frise de la routine du matin et s’il faisait tout, tout seul, il pouvait ensuite regarder une petite vidéo de 5 minutes pendant qu’on préparait le petit-déjeuner. Mais attention, s’il ne voulait pas et souhaitait qu’on l’aide, ce n’était pas grave ! Dans ce cas il avait de l’aide et à la place de la vidéo il pouvait aller jouer dans sa chambre ou lire un livre. Au bout de trois mois la routine était installée et il ne réclamait même plus sa vidéo.
Renforcer un bon comportement
Je vais rester sur le renforçateur des vidéos. Ouistico est un fan inconditionnel de Jamy Gourmaud (C’est pas sorcier, le monde de Jamy…). S’il pouvait regarder en boucle ces vidéos, il le ferait ! Donc quand il a un bon comportement (aider à ranger ses jouets, laisser maman faire une sieste, être resté calme toute une matinée…), nous lui accordons volontiers une vidéo en le félicitant d’avoir eu un bon comportement. En revanche, s’il a eu un mauvais comportement (nous taper dessus, mal nous parler, jeter des objets dans la maison…) et qu’il nous demande une vidéo après, nous la lui refusons en lui expliquant qu’il faut qu’il change de comportement. Mais nous ne le laissons pas dans sa frustration. A la place nous allons lui proposer une activité plus calme afin qu’il puisse se recentrer.
Le motiver dans une tâche très difficile
Pour ici je vais prendre l’exemple de l’école à la maison lors du confinement. Il y a eu des moments difficiles pour Ouistico qui ne souhaitait pas faire son travail car cela l’ennuyait ou qu’il préférait faire autre chose. Puis nous avons découvert que Jamy faisait chaque jour une vidéo d’une minute intitulée la capsule de déconfinée, dans laquelle chaque jour il parlait d’un nouveau sujet. Je vous laisse imaginer les étincelles dans les yeux de Ouistico ! Du coup, nous en avons profité et nous avons utilisé ces petites vidéos en renforçateur du travail à la maison. Entre chaque travail, il pouvait regarder sa vidéo d’une minute.
Personnellement je ne suis pas très fan d’utiliser des bonbons en renforçateur. J’ai quand même testé quand Ouistico devait écrire des lettres. Le graphisme et lui ça fait deux. Il a vraiment beaucoup de difficultés dans ce domaine et devoir écrire plusieurs lignes de lettre était vraiment difficile pour lui. Alors pour l’encourager, je lui mettais dans un petit pot un petit smarties pour chaque lettre bien écrite. Et il avait droit à ces smarties soit une fois l’exercice terminé, soit au goûter selon le moment de la journée. Ce qui lui plaisait beaucoup c’était de découvrir la couleur du smarties que je sortais de la boîte à chaque fois.
Une dernière chose très importante : lorsque vous choisissez un renforçateur, surtout gardez le en renforçateur car il est important de rester logique. Dans l’exemple de la glace, si vous lui refusez un jour parce qu’il n’a pas mangé ses légumes, mais que le lendemain vous lui accordez après avoir mangé des pâtes, on perd l’effet du renforçateur. Sauf si votre objectif est qu’il mange tout son repas, quel qu’il soit.
Voilà quelques exemples ! J’espère que ça pourra vous aider. N’hésitez surtout pas à me laisser vos avis/questions/expériences. Ce sont des choses qui ont fonctionné pour Ouistico, mais c’est tellement différent d’un enfant à un autre !
Pour finir, mon amie Pauline vous a préparé une petite planche de pictos spécial « Renforçateurs ».
Bonjour, merci pour ce texte.
Je me pose la question de la différence avec le chantage. Il y a bien une différence mais je la trouve subtile. Comment être sur de ne pas tomber dans le chantage? Au même pour aller plus loin est ce que dans le cas d’un enfant autiste une forme de chantage peut être nécessaire? Merci
Bonjour Benoit, merci pour ta question 🙂
Le chantage est plus un moyen de pression que l’on va mettre à l’enfant pour qu’il accomplisse ce qu’on attend de lui. L’enfant va alors se mettre à stresser pour avoir sa récompense, ou au contraire pour éviter une punition ou quelque chose de déplaisant. Quelque chose que je n’ai pas précisé, est que le renforçateur doit être amené avec bienveillance et aussi uniquement pour des choses qui sont difficiles pour l’enfant. Par exemple on ne va pas mettre un renforçateur si c’est facile pour l’enfant d’aller se brosser les dents. En revanche si cette action génère des crises de la part de l’enfant parce qu’il ne supporte pas le toucher de la brosse à dent dans sa bouche, il peut être intéressent d’y mettre un renforçateur pour l’encourager. Et surtout derrière, ne pas le culpabiliser s’il ne réussit pas, et lui proposer à la place du renforçateur quelque chose de moins intéressent mais qui évitera de lui laisser un vide. Par exemple si le renforçateur est une vidéo de 5 min sur un sujet qu’il adore, ça pourra être à la place de lui lire une histoire. Ainsi on ne créé pas de frustration ni de pression, alors que le chantage peut créer une frustration. J’espère que ça répond mieux à ta question.
Dans le cas d’un enfant autiste, personnellement je déconseille toute forme de chantage. Pour en avoir fait l’expérience, généralement ça génère des crises qui sont difficiles à calmer après.